1910 à aujourd'hui
Le site du Country Club de Montréal, situé sur la Promenade Riverside à Saint-Lambert, bien avant d’être le témoin privilégié des « mulligans », a d’abord été un terrain de polo. Les fonctions du chalet, différentes des usages actuels, étaient davantage appropriées à ce jeu de balle. À proximité, une écurie hébergeait les chevaux des membres et une grange abritait les moutons. Précurseurs des tondeuses à gazon, ces moutons ont brouté, taillé et surtout bien fertilisé les pelouses.
« The Country Club of Montreal ». Il était principalement destiné au golf bien que les membres pussent aussi s’adonner à d’autres sports. Nul ne voulait en faire une organisation à but lucratif ; à l’origine, 500 membres, avec une cotisation de 100 $ chacun, ont monté le budget d’opération annuel.
En mars 1911, avec l’acquisition de 3 700 000 pieds carrés de terrain, le club s’étend désormais depuis la Promenade Riverside jusqu’à la rue Victoria. Il est alors bordé au nord par les rues Bolton, Boissy et Kerr et au sud par les rues De Touraine, Isle-de-France, Des Pyrénées et Limousin.
L’arrivée de l’électricité
Un parcours de golf approprié a été dessiné pour couvrir tout le terrain où l’approvisionnement du système d’irrigation provenait directement du fleuve Saint-Laurent. Fait à retenir : en 1912, l’électricité a remplacé les lampes à l’huile. Cinquante ans après sa fondation, la voie maritime et la route 132 ont été implantées.
À sa naissance, le Country Club de Montréal était localisé dans la paroisse Saint-Antoine de Longueuil et non dans la municipalité de Saint-Lambert. En 1930, Saint-Lambert s’agrandit de chaque côté du terrain de golf. À ce moment-là, le club se retrouve à l’intérieur des limites de Préville lors de sa création en 1948 et ce n’est qu’en 1969, au moment où les deux villes fusionnent, qu’il devient le relais golfique de plusieurs Lambertois et ce pour les cinquante années à venir.
Le premier président de Golf Québec
L’Association Royale de Golf du Canada (ARGC), fondée en 1895, accueille le Country Club de Montréal en 1914. Six ans plus tard, « the Province of Quebec Golf Association » (PQGA), maintenant connue sous le nom de Golf Québec, est fondée et M. A. D. Huff, alors président du Country Club de Montréal, fut son premier président. Une autre personne digne de mention, Monsieur Jacques Nols, membre de 1975 à 1984, fut président de l’AGQ en 1986.
Monsieur Nols a agi comme arbitre pour des tournois aussi prestigieux que le «Masters» à Augusta, le «U.S. Open» et le «British Open». Le membership du club s’est constamment impliqué dans la promotion du golf et est demeuré très actif au niveau provincial pendant plus de quatre-vingt-dix ans.
En 1959, le club s’agrandit avec l’acquisition d’une parcelle importante de terrain située du côté de Préville. Au fil du temps, le parcours n’a cessé de se développer et l’on a pu fêter son jubilé de façon marquante, ce dont aucun club de la région ne pouvait se targuer. Le Montreal Star le souligne en le qualifiant de « plus vieux club de golf de la grande région métropolitaine. »
Plusieurs modifications
Les années 1960 et 1970 ont vu plusieurs modifications mineures apportées au parcours et aux alentours du chalet. Les voies ferrées sont inutilisées et le club refuse d’acheter la parcelle de terrain qu’elles occupaient et qu’il utilise gratuitement et en toute liberté. La nature a repris ses droits : les rails, ensevelis sous le gazon, ont disparu et le terrain ne porte plus aucune cicatrice. Un acheteur s’est cependant montré intéressé par ce corridor de verdure, propriété des Chemins de Fer Nationaux. Autour de 1970, la ville de Saint-Lambert achète la parcelle de terrain dans le but d’y prolonger le boulevard Queen et ainsi relier Préville à Saint-Lambert.
Cet accès, inespéré pour Saint-Lambert, lui permet de développer les terrains en bordure du parcours. Malheureusement, le futur boulevard ampute les allées de golf et divise le parcours en deux surfaces de jeux inégales.
Le Country Club vit alors des moments difficiles ; peu de choix s’offrent à lui. Il oscille entre soit se relocaliser, soit fermer ses portes définitivement. De son côté, la ville de Saint-Lambert propose un marché profitable aux deux parties. L’intérêt premier de la ville était naturellement de maintenir un espace vert bien manucuré, qui procure une valeur ajoutée aux propriétés voisines ainsi qu’aux terrains en sa possession.
Les femmes se sont approprié le Country Club
En 1913, madame J.-D. Hathaway préside les destinées du premier comité de golf féminin, le « Ladies Golf Club ». Même si elles n’ont qu’un accès limité au club et que certains lieux, tel le bar, leur sont interdits, petit à petit, elles prennent leur place. Ce n’est que vers la fin des années 80 qu’elles réussissent à faire du golf leur sport, et à affirmer leur présence partout.
Madame Suzanne Beauregard a été l’une de ces pionnières. Multiple championne, classe A de notre club, son leadership se manifeste surtout à l’Association canadienne de golf. Mme Beauregard a longuement contribué à la promotion du golf féminin tant au niveau provincial que national. Elle tient un rôle clé dans la fondation de «Golf Québec» en 2005 et est connue dans la province entière comme directrice de la programmation et des services aux membres.
De plus, elle a également contribué à la fondation de la « Fédération québécoise de golf», comme présidente de 2001 à 2005. Même si Mme Beauregard n’est restée membre que pendant quelques années, avant de se mesurer à d’autres parcours, elle a laissé sa marque comme joueuse et personne d’influence du milieu golfique. D’autres membres ont également rayonné au niveau national.
En 1989, Madeleine Gratton a été présidente de l’Association canadienne du golf, division féminine du Québec, suivie de Ghislaine Laberge, en 2000 et 2001. Pendant que ces femmes nous représentent sur la scène provinciale et nationale, d’autres se démarquent dans l’histoire de notre propre club. Francine Vincelette a été la première dame, membre senior et actionnaire du club, et cela il y a à peine deux décennies.
Cet accomplissement se traduit aujourd’hui par un quantum de plus de vingt membres féminins actionnaires pour l’année 2010. Au tournant du siècle, la présence féminine s’affirme davantage avec l’arrivée, en 2002, de Martine Corriveau-Gougeon et de Louise Laplante, les premières dames à siéger au conseil d’administration du club.
Cette implication se matérialise davantage lorsque Martine Corriveau-Gougeon est élue présidente du club, cinq années plus tard. La plaisanterie très répandue qui prétend que « Golf » serait l’acronyme de « Gentlemen only, ladies Forbidden » (réservé aux hommes, interdit aux femmes), contient une part de vérité, du moins au début de l’histoire du Country Club de Montréal.
Les femmes ont œuvré très fort pour s’intégrer dans les clubs de golf; déterminées, elles ont su promouvoir et développer le goût de ce sport auprès de leurs consœurs.
Le chalet et ses mésaventures
En septembre 1933, une première tragédie : un incendie ravage la majeure partie du chalet. Le feu a pris naissance dans la chambre à fournaises et cause des dommages matériels d’une valeur de 65 000 $. Seul le secteur est, où logeaient le vestiaire des dames et la cuisine, et le secteur ouest, réservé à la boutique, ont été épargnés.
Grâce aux nombreux cadets, golfeurs et membres du personnel, les extrémités du chalet sont miraculeusement sauvées. Ironiquement, cette journée-là, le club est l’hôte d’un tournoi provincial et les compétiteurs sont tous sur le parcours. Plusieurs ont perdu leurs effets personnels.
Un journal montréalais rapporte à l’époque que la majorité des joueurs ont décidé d’abandonner la compétition alors que d’autres ont terminé le 18e trou au milieu de la fumée et des étincelles. « À toute chose malheur est bon » : à ce moment-là, la situation financière du Country Club de Montréal était saine.
On a pu remplacer les anciennes installations et construire un nouveau chalet plus moderne et plus actuel.
Une autre malchance
Un autre coup de la malchance : à 3 h du matin, le 27 novembre 1950, les pompiers de Saint-Lambert doivent encore une fois investir notre chalet. L’origine de cet incendie reste inconnue et les dommages sont considérables. Seule la boutique du professionnel est épargnée. Ce malheur survient deux petites semaines seulement après l’incendie, mineur, de l’atelier d’équipements.
En 1998, la tempête du verglas couvre le Québec d’un tapis de glace, laisse les citoyens sans électricité pendant une longue période et cause des dommages importants. Plusieurs de nos arbres centenaires croulent sous le poids de la glace. Les équipements du club sont mis au service des voisins et servent à émonder et à nettoyer les débris. Les installations du chalet sont même utilisées par les Lambertois comme centre d’information ou de services où ils peuvent trouver un peu de réconfort et de chaleur ou prendre une bonne douche.